TRANSITION

TRANSITION

Napoli, dernière escale dans mon pèlerinage.

Retour des klaxons, du métal, du béton.

Malgré ma propension à voir le beau dans tout paysage,

je ne me sens plus à ma place parmi ces habitations.

Je cherche la terre, l’eau, l’air et le feu ;

il est temps de partir, mes souliers de marche se font vieux.

Le bruit me déstabilise, impression de labyrinthite ;

un motocycliste s’effondre, sa vie volée par la fatalité.

Je vois la scène et me dis que tout va trop vite,

l’ordre des choses s’impose dans le désordonné.

Ils ont oublié de ralentir ;

l’arrêt forcé était pourtant si brutal.

Mais quand on ne voit que le blanc ou le noir,

on se prive des mille et une richesses du gris…

Chacun cherche à sa manière la réponse à sa liberté ;

certains continuent, repartent, poursuivent l’ancien,

d’autres redirigent, ralentissent, transforment le nouveau.

J’ai compris que pour moi le salut est dans les arbres,

dans mon jardin intérieur, dans la contemplation et dans le beau.

Les masques apportent l’illusion d’immortalité,

d’un monde qui peut continuer comme avant

à promouvoir la consommation, la distanciation, l’individualité,

sans se transformer pendant qu’il en est encore temps.

Je veux me mettre encore plus à nu,

abandonner les dernières fibres de ma carapace,

montrer sur mon visage les traces de ce grand voyage…

On braque sur moi un fusil scrutateur,

pointé pour attester de ma santé.

Potentielle virulente, mon sourire leur fait peur,

il est temps de partir avant d’oublier

toute cette beauté qui m’a entourée,

pendant que ma vie j’ai ressassée.

L’inconfort de ce moment m’annonce

que la transition est débutée ;

que bientôt je renaîtrai, alors ne pas résister.

Ressentir les contractions de la fin d’un monde,

en ayant confiance que l’amour attend

de l’autre côté de l’océan.

Lyne Castonguay